AGENCE FRANCAISE DE SECURITE SANITAIRE DES PRODUITS DE SANTE | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le point sur | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Risque musculaire des statines | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
En août 2001, la cérivastatine a été retirée du marché par les laboratoires BAYER suite à des cas de rhabdomyolyses sévères parfois fatales. Celles-ci ont été observées principalement aux USA entre 1999 et 2001 et sont survenues essentiellement en association avec le gemfibrozil et/ou aux dosages forts de cérivastine (>0,4 mg). L’Afssaps, en liaison avec l’Agence Européenne d’Evaluation (EMEA), a fait un point approfondi des connaissances sur le risque musculaire lié à l’utilisation des statines et communique aujourd’hui aux prescripteurs français de nouvelles recommandations pour leur bon usage. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Les indications thérapeutiques des statines sont les hypercholestérolémies isolées ou associées à une hypertriglycéridémie, en complément d’un régime adapté et assidu. Cette indication repose sur la propriété d’abaisser le LDL-cholestérol, facteur de risque majeur de l’insuffisance coronaire. Certaines statines ont de plus démontré dans des essais de prévention une réduction importante :
Comparé au risque de rhabdomyolyse qui est exceptionnel, le bénéfice attendu avec les statines reste indiscutable (d’après les essais de prévention, il est pour environ 5 ans de traitement, de l’ordre de 41 événements coronaires graves évités pour 1000 patients traités en prévention secondaire, et de l’ordre de 17 pour 1000 patients traités en prévention primaire). Actuellement environ 3 millions de patients en France sont traités par statines. Liste des statines commercialisées
Un traitement par statine doit être initié à la plus faible dose disponible puis poursuivi à dose progressivement croissante, si nécessaire :
Pour atorvastatine,fluvastatine et simvastatine, la posologie maximale autorisée de 80 mg est réservée aux hypercholestérolémies sévères, résistantes aux doses usuelles. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Quels sont les effets indésirables musculaires décrits avec les statines ? Toutes les statines sont susceptibles d’entraîner des troubles musculaires :
La rhabdomyolyse est-elle prévisible ? Aucun élément clinique ni biologique ne permet de prédire la survenue d’une rhabdomyolyse. Toutefois il existe des situations (définies ci-dessous) qui prédisposent à l’atteinte musculaire, sans préjuger de sa sévérité. Quel est le mécanisme de ces effets musculaires ? Le mécanisme n'est pas clairement établi à ce jour. Cette toxicité est probablement liée au mécanisme d’action des statines (inhibition de l’HMG-CoA réductase, enzyme-clé de la synthèse du cholestérol), conduisant à l’inhibition de la synthèse d’ubiquinones, étape de synthèse ultérieure, indispensables au métabolisme énergétique des mitochondries. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Cependant, une maladie musculaire génétique ou un antécédent d’effet indésirable musculaire à un hypocholestérolémiant sont des situations à risque qui nécessiteront l’évaluation soigneuse du rapport bénéfice/risque et une surveillance particulière. Certaines associations augmentent le risque musculaire. Associations contre-indiquées :
D’autres associations nécessitent des précautions d’emploi et sont consultables dans l’AMM. Le risque musculaire est dose-dépendant. Pour atorvastatine, fluvastatine et simvastatine, l’utilisation de la posologie maximale autorisée de 80 mg ne saurait être envisagée après 70 ans que sous surveillance clinique (signes musculaires) et biologique (CPK) étroite. Il n’y a pas d’indication pour prescrire d’emblée une forte dose. L’hypothyroïdie majore le risque musculaire. Penser à rechercher une hypothyroïdie, au besoin faire un dosage de TSH. Le dosage des CPK (créatine phosphokinase) nécessite :
En effet, les CPK marqueurs biologiques de la lyse musculaire, sont peu spécifiques en raison de leur grande sensibilité à l’activité physique et d’une variabilité individuelle marquée. Un dosage des CPK devra être effectué avant traitement dans les situations à risque. Il n’existe pas de justification scientifique à pratiquer un dosage initial systématique des CPK dans la population générale. Ce dosage des CPK doit être réservé aux situations suivantes :
L’intérêt sera dans ce cas de disposer d’un dosage de référence en cas d’élévation ultérieure sous traitement. De plus, si le taux de CPK est supérieur à 5N, l’instauration du traitement sera différée. De même dans ces situations, il est nécessaire de bien évaluer l’intérêt du traitement et de surveiller le patient au plan clinique. Tout symptôme musculaire inexpliqué apparaissant sous traitement doit faire pratiquer un dosage des CPK. A l’inverse, la surveillance systématique des CPK n’a aucun intérêt actuellement démontré en l’absence de signes cliniques. Il faut savoir qu’une élévation importante des CPK s’accompagne d’une petite élévation des transaminases d’origine musculaire.
En principe, les signes musculaires disparaissent totalement après l’arrêt définitif d’un traitement par statine. Les signes cliniques et biologiques régressent dans la quasi-totalité des cas, mais peuvent parfois persister plusieurs mois après l’arrêt de la statine. Selon les données disponibles, il ne persiste notamment aucune faiblesse musculaire à distance. La persistance de troubles musculaires doit inciter à consulter un spécialiste pour rechercher une autre cause et notamment une pathologie musculaire sous-jacente.
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